Office français de la biodiversité

APPRENTISSAGE-Migration des oiseaux-vulnérabilité à la chasse de loisir et au changement climatique

Référence : 2025/3553
Affectation : Direction de la recherche et de l'appui scientifique
Résidence administrative : Nantes (44)
Poste à pourvoir le : 01/09/2025

Information générale

Positionnement hiérarchiqueSous l’autorité du Chargé de recherche « Oiseaux migrateurs exploités » (Kévin Le Rest).

Conditions d’emploi :  contrat d'apprentissage de 24 mois.

La Direction de la Recherche et Appui Scientifique (DRAS) est l’une des 2 directions « connaissance » de l’OFB, en charge de la recherche et de l’expertise sur les espèces, sur les milieux, leurs fonctionnalités et leurs usages, ainsi que sur les risques sanitaires en lien avec la faune sauvage. Cet apprentissage s’effectuera au sein du service « Conservation et Gestion Durable des Espèces Exploitées » qui s’intéresse aux paramètres et aux mécanismes qui influencent la dynamique des populations exploitées par l’homme, par la chasse, la pêche ou la cueillette.

Contexte
La gestion durable des oiseaux migrateurs dont la chasse est autorisée est un réel challenge en termes de connaissances et de mise en place de mesures de conservation efficaces. Le fait que ces espèces se déplacent sur de très grandes distances et traversent de nombreux pays, dont certains inaccessibles à cause de contextes géopolitiques défavorables, rend difficile la réalisation de suivis représentatifs.

La phénologie de migration et l’établissement sur les zones d’hivernage sont le résultat de processus liées aux prédispositions génétiques, aux contraintes climatiques, à l’accès aux ressources alimentaires et à la fidélité au site d’hivernage. Sous l’effet du réchauffement climatique, on assiste à des changements rapides des contraintes bioclimatiques sur les zones d’hivernage et de reproduction. On peut donc s’attendre à une réorganisation plus ou moins profonde des stratégies de déplacement et d’utilisation de l’espaces chez les espèces migratrice (changements de distribution, modification de la phénologie des déplacements, altération des durées des zones de haltes, etc.). On détecte déjà de tels changements dans les communautés d’oiseaux migrateurs septentrionaux (Godet et al. 2011) et ces changements semblent plus rapides en période hivernale qu’en période de reproduction (Lehikoinen et al. 2021). On peut s’attendre, en particulier, à une remontée vers le nord du centroïde de l’aire d’hivernage, avec pour conséquence un hivernage de moins en moins régulier en Europe de l’Ouest, d’espèces hivernant dans les zones nordiques, et des arrivées de plus en plus tardives ; et à l’inverse un hivernage de plus en plus régulier d’espèces passant la période inter-nuptiale au sud de l’Europe et en Afrique.

De nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs sont chassées en Europe, notamment parmi les colombidés, les anatidés et les limicoles (scolopacidés et charadriidés). Cependant, la pression de chasse est  très hétérogène dans l’espace, avec des différences notables sur les habitudes culturelles et la liste des espèces chassables selon les pays d’Europe. Il en résulte une structuration spatiale très forte de la pression de chasse selon la taille corporelle des espèces, avec un gradient nord/sud très marqué (Buchan et al. 2022). Les pays du nord de l’Europe sont généralement moins intéressés par la chasse des petites espèces mais bien plus par les grandes espèces et notamment les grands mammifères.

Ainsi le décalage d’une zone d’hivernage est susceptible de redistribuer les effectifs dans une nouvelle aire géographique plus ou moins exposée à la pression de chasse selon les pratiques cynégétiques locales. Le décalage temporel de la migration peut produire des effets comparables lorsque les pratiques de chasse varient d’une région à l’autre. Par exemple, une arrivée en hivernage retardée d’un mois est susceptible de réduire significativement la durée d’exposition à la chasse. Autrement dit, toute modification de la stratégie de migration, dans le temps et dans l’espace, a sans doute des conséquences drastiques sur l’exposition à la chasse des populations concernées.

Dans ce contexte, le comportement migratoire des jeunes oiseaux est particulièrement intéressant à étudier car ces individus vont exprimer un comportement sans influence du mécanisme de fidélité au site d’hivernage (sauf pour les espèces migrant en famille comme les oies). Les jeunes sont généralement plus vulnérables à la chasse mais les causes proximales de cette surexposition sont mal connues. La comparaison des migrations entre jeunes et adultes (phénologie, choix de la zone d’hivernage et choix du territoire dans la zone d’hivernage) permettrait de séparer les mécanismes liés à la migration sensus stricto, et notamment les contraintes physiques et physiologiques différentes entre jeunes et adultes, de ceux liés au comportement (naïf/expérimenté) des individus.

Par ailleurs, déterminer l’influence des conditions climatiques sur les stratégies de migration des jeunes et des adultes permettrait de prédire l’influence du réchauffement climatique sur les changements de pression de chasse attendus, selon ces classes d’âges, sous différents scénarios climatiques et d’évolution des pressions de chasse dans le temps et l’espace.

Godet L, Jaffré M, Devictor V. Waders in winter: long-term changes of migratory bird assemblages facing climate change. Biol Lett. 2011 Oct 23;7(5):714-7.

Lehikoinen A, Lindström Å, Santangeli A, et al. Wintering bird communities are tracking climate change faster than breeding communities. J Anim Ecol. 2021; 90: 1085–1095.

Buchan, C., Franco, A. M. A., Catry, I., Gamero, A., Klvaňová, A., & Gilroy, J. J. (2022). Spatially explicit risk mapping reveals direct anthropogenic impacts on migratory birds. Global Ecology and Biogeography, 31, 1707–1725. https://doi.org/10.1111/geb.13551

Mission

En utilisant des données de géolocalisation collectées sur 3 espèces d’oiseaux migrateurs chassés en France (Bécasse des bois, Bécassine des marais et Vanneau huppé), principalement sur des individus capturés et équipés de GPS en fin d’été / début d’automne en Estonie, l’étudiant devra déterminer les facteurs environnementaux déclenchant le départ en migration postnuptiale de ce pays qui se situe à un carrefour stratégique pour la migration de ces espèces, entre Scandinavie et Russie.

In fine, ce travail consistera à anticiper les changements de phénologie de migration et d’aire d’hivernage, à court et moyen terme à l’aide de modèles climatiques, et de prévoir l’augmentation ou la diminution des pressions liées à la chasse de ces espèces en Europe.

Activités principales

  1. Terrain : participer à la dernière session de terrain en Estonie en fin d’été 2026 (1 semaine) ;
  2. Mise en forme et archivage des données : mettre en forme les données GPS pour procéder à leur analyse, les mettre en relation avec des données environnementales, terminer l’archivage des données sous Movebank ;
  3. Analyses de données : proposer et mettre en œuvre des méthodes pour quantifier l’influence des données environnementales sur les stratégies de migration ;
  4. Présenter les résultats : réaliser des présentations orales, rédiger des comptes-rendus scientifiques, rédiger un article scientifique.

Relations liées au poste

Relations internes :

  • Autres agents du service impliqués dans des travaux sur les oiseaux migrateurs exploités, y compris autres étudiants travaillant sur des sujets connexes (thésards sur la délimitation des voies de migration ou modélisant la dynamique des populations de migrateurs, etc.).

Relations externes :

  • Partenaires financiers : associations de chasseurs spécialisés : Club National des Bécassiers (CNB) et Club International des Chasseurs de Bécassines (CICB) ;
  • Partenaires scientifiques : CNRS et MNHN.

Compétences et qualités requises

Connaissances :

  • Biologie et dynamique des populations ;
  • Connaissances générales sur les oiseaux migrateurs ;
  • Statistiques appliquées, analyses de données ;

Le stagiaire devra mobiliser ses connaissances en statistiques appliquées. Il devra faire preuve d’autonomie pour définir les méthodes statistiques à utiliser et les mettre en œuvre.

Savoir-faire opérationnel :

  • Être autonome pour la manipulation des données via le logiciel R et un système d’information géographique (QGIS ou autre) ;
  • Maîtriser de l’anglais ;
  • Avoir des bonnes qualités rédactionnelles.

Savoir-être professionnel :

  • Autonomie ;
  • Rigueur scientifique ;
  • Communication.

Diplômes – Formation – Expérience :

  • Titulaire d’un diplôme de licence ou équivalent (Bac +3) ;
  • Formation ou expérience permettant l’inscription dans un master en écologie ou statistiques appliquée.

Conditions d'exercice / sujétions particulières

Apprentissage sur 2 ans (M1 et M2).

Si souhait de participer aux opérations de terrain :

  • travail en extérieur ;
  • horaires irréguliers avec amplitude variable selon la saison ;
  • travail de nuit et le week-end.

Dépôt de candidature (en interne)

Pour déposer une candidature, les documents suivants vous seront demandés :

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